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FRANCESCO MISSAGLIA

SITUATION D'EAU

Travailler sur le fleuve n’est pas une tâche facile entre les murs de son chez-soi. Pour autant, le fleuve, aussi vaste, complexe et impressionnant soit-il, demeure un lieu de notre quotidien, un lieu que l’on a eu l’habitude de côtoyer, un lieu que l’on apprend à apprécier dans son contexte. L’eau – qui le constitue – en tant qu’élément, détient cependant une valeur intrinsèque qu’il est possible de modeler, indépendamment du contexte où elle se trouve. Je me suis donc concentré sur ce que j’appelle des Situations d’eau, c’est-à-dire des moments, des instants qui pourraient se produire dans un fleuve et peut-être même dans n’importe quel autre lieu servant de récipient à l’eau. L’idée est de tricher avec les échelles et l’espace afin de mettre en scène l’eau avec les moyens du bord imposés par ce contexte particulier d’enfermement. La vidéo est conçue comme un flux continu qui capte différents comportements de l’eau, peu importe alors qu’elle soit dans un fleuve, un océan ou une baignoire : elle adopte des formes et apparences uniques.

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SOUVENIR

C’est dans mon enfance que je m’en vais piocher ce souvenir : en quelques mots il résume un fort rapport au fleuve que j’ai vécu par négligence et que je ne suis pas mécontent de partager aujourd’hui. La scène se passe dans les Gole dell’ Alcantara, un endroit magnifique dans le nord de la Sicile non loin des flancs de l’Etna. Il s’agit d’un fleuve creusé dans la lave par la force de l’eau et par le temps. Enfant - comme des milliers de touristes chaque année en été - entre deux jus d’oranges frais et une bouffée de chaleur, je m’y immergeais pour profiter de cette exceptionnelle source d’eau. Pour autant, aussi plaisant et magnifique soit-il, l’endroit n’en est pas moins dangereux pour l’élan aventurier et vagabond d’un enfant ne sachant pas distinguer un endroit sûr d’un endroit dangereux pour faire trempette. Voici le paroxysme du récit : après avoir fait connaissance d’excessivement près avec un grand rocher vaseux marquant le début d’un rapide, le bonhomme, pris par le courant, se vit contraint de s’accrocher (à la vie bien-sûr) à un quelconque objet pouvant freiner sa course : du sable (ou quelque chose comme ça) en l’occurrence. L’accident n’a duré que quelques instants, mais la force de l’eau reste gravée. Cris, désarroi, confusion, c’est à la force de bras de deux inconnus et au prix d’une paire de tongs que le gamin - trempé comme un linge délaissé - fût rapatrié sain et sauf sur les berges d’un fleuve quasi meurtrier. (Petite anecdote post-récit : l’un des deux inconnus s’appelait Angelo (Ange), heureuse coïncidence).

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